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Dossier du Mois : L'Arthrose

Dossier du Mois : L'Arthrose

Ce sont en France plus de 6 millions de français qui souffrent d’arthrose. Les douleurs articulaires et la raideur sont les principaux signes cliniques et la radiographie reste l’examen de référence pour diagnostiquer cette maladie chronique. Les localisations sont multiples : hanches(coxarthrose), genoux (gonarthrose), épaules (omarthrose), rachis dorsolombaire, au niveau des doigts ou encore de façon diffuse. L’impact sur la qualité de vie et sur les dépenses de santé de l’arthrose est majeur. Comprenons ensemble plus précisément ce qu’est l’arthrose, son évolution, les facteurs qui prédisposeront à son apparition et/ou à son aggravation et envisageons les options thérapeutiques à disposition.

QUELLE EST L’IMPORTANCE DE L’ARTHROSE ?

 

L’arthrose touche plus de 10 millions de français dont 6 à 7 millions sont symptomatiques. Plus de la moitié des patients présentant de l’arthrose ont 65 ans et plus. Néanmoins les jeunes ne sont pas épargnés ! On sait ainsi qu’un adolescent obèse peut commencer à développer des symptômes d’arthrose dès l’âge de 30 ans. Des études récentes ont confirmé la dimension civilisationnelle de l’arthrose en mettant en évidence un doublement de la fréquence de la gonarthrose (arthrose du genou) entre le début du 20ème siècle et nos jours pour la même tranche d’âge.

En cause : l’augmentation de la sédentarité et des habitudes alimentaires, favorisant ainsi l’obésité et les maladies métaboliques. L’arthrose est une pathologie dont l’impact sur la qualité de vie et sur les coûts est majeur. Avec 5 millions d’arrêt de travail sur dix ans, l’arthrose est la première cause d’invalidité dans la population âgée de plus de 40 ans. L’arthrose représente la première cause de consultation chez le médecin généraliste avec un coût qui explose pour la sécurité sociale. Par ailleurs, le handicap lié à l’arthrose est majeur et va entrainer un excès de mortalité via la sédentarité qu’elle génère.

 

 

QU’EST-CE QUE L’ARTHROSE ?

 

L’arthrose est la maladie d’usure des cartilages, tissus lisses et nacrés qui recouvrent les extrémités osseuses d’une articulation.  Ce sont ces derniers qui ont un rôle important dans la mécanique de l’articulation en jouant le rôle d’amortisseur. Les frictions sont diminuées et la charge corporelle est ainsi mieux répartie lorsque les cartilages sont intègres. Le cartilage, comme tout tissu de notre organisme, est en perpétuel renouvellement. Dans l’arthrose, l’équilibre entre destruction et construction cartilagineuse est rompu, produisant un cartilage puis fin qui finira par se fissurer.

 

L’os ayant du mal à amortir les pressions, l’os réagit en s’épaississant et en produisant des excroissances appelées en radiologie des « becs de perroquet ». Le liquide synovial, liquide baignant l’articulation, est produit en excès lors des crises d’arthrose donnant un aspect gonflé aux articulations.

 

 

QUELLES SONT LES CAUSES DE L’ARTHROSE ?

 

Certaines causes et certains facteurs favorisant l’arthrose sont bien identifiés et peuvent faire l’objet de mesures préventives :

 

·      L’âge prédispose à l’arthrose : Elle concerne 3% des moins de 45 ans, 65 % des plus de 65 ans et 80 % des plus de 80 ans

·  Le sexe : Certaines études suggèrent que la maladie arthrosique est plus fréquente, plus sévère et évolue plus rapidement chez la femme que chez l'homme.

·  L’obésité est tout autant un facteur d’apparition que d’aggravation de l’arthrose. Les localisations les plus fréquentes en cas de surpoids ou d’obésité sont la gonarthrose (arthrose des genoux), la coxarthrose mais aussi l’arthrose lombaire.

·   L’hérédité semble jouer un rôle prédisposant notamment dans l’arthrose digitale et dans la gonarthrose. Il existe ainsi des familles où existent des arthroses apparemment "primitives" (sans cause) survenant de manière diffuse et très précoce (avant l'âge de 30 ans). Des anomalies génétiques concernant la fabrication de composants de la matrice cartilagineuse sont ainsi incriminés.

·      Les traumatismes articulaires (entorses sévères, fractures, post-chirurgie, etc...) sont une cause fréquente d’arthrose.

·   Les mouvements ou postures répétées comme dans certaines professions peuvent favoriser des microtraumatismes articulaires à l’origine de lésions localisées d’arthrose (ouvriers du BTP utilisant les marteaux-piqueur pour l’arthrose des membres supérieurs, couturières et pianistes pour l’arthrose des doigts, coxarthrose ou arthrose de hanches chez les footballeurs, etc…)

·   La ménopause favorise aussi la survenue de l’arthrose. Il semble que les oestrogènes (hormones sexuelles féminines) soient favorables à un cartilage en bonne santé. Le Traitement Hormonal Substitutif, est parfois proposé, en l’absence de contre-indication, car il pourrait avoir un affect préventif sur l’arthrose

·  Certaines pathologies métaboliques caractérisées par la précipitation de dépôts de phosphate de calcium dans la chondrocalcinose ou d’acide urique dans la goutte entrainent des épisodes inflammatoires itératifs favorisent la survenue d’arthrose.

·      Le tabac et le diabète sont aussi des facteurs favorisants.

·  Enfin des anomalies ou déformations du squelette peuvent être le point de départ de lésions arthrosiques. C’est le cas notamment dans la luxation congénitale de hanche ou dans les déformations de jambe ( genu varum ou genu valgum).

·  L’hyperlaxité ligamentaire se compliquant éventuellement d’entorses à répétition peut être un terrain favorable au développement de l’arthrose

·      La qualité de l'os située jouxtant l'articulation joue très probablement un rôle important dans le processus arthrosique. C'est d'ailleurs une voie de recherche qui pourrait être porteuse de nouvelles thérapeutiques.

 

 

    

QUELS SONT LES SYMPTOMES DE L’ARTHROSE ?

 

L’arthrose est principalement caractérisée par la douleur articulaire et par la raideur. Contrairement à l’arthrite, la douleur est le plus souvent de type « mécanique » ce qui signifie qu’elle augmente avec la mise en mouvement et l’effort physique et est calmée par le repos. La douleur peut néanmoins avoir un caractère permanent en cas de poussée inflammatoire. Le matin, au lever, la douleur est maximale : on parle de douleur de déverrouillage. Elle disparait progressivement. Parfois, elle apparait plus tard dans la journée au cours de mouvements particuliers souvent répétés. Il s’agit alors de douleur de fatigue. Avec l’évolution de la maladie, certains mouvements deviennent de plus en plus compliqués avec des conséquences fonctionnelles et d’altération de la qualité de vie. La coxarthrose et la gonarthrose sont les localisations d’arthrose les plus invalidantes. Les articulations se déforment (articulations gonflées lors des poussées par excès de production de liquide synovial, excroissances osseuses). Les localisations les plus fréquentes de l’arthrose sont au niveau de la colonne vertébrale, des genoux, des chevilles, de la hanche puis des épaules et enfin des doigts.

 

 

COMMENT FAIT-ON LE DIAGNOSTIC D’ARTHROSE ?

 

Le diagnostic d'arthrose est fortement suspecté cliniquement et confirmé par les radiographies simples.

La radiologie conventionnelle est ainsi en première ligne pour porter un diagnostic d’arthrose.

Ce sont principalement :

· Le pincement de l’interligne articulaire, visible le plus souvent là où la pression s’exerce principalement

·   L’éventuelle présence d’ostéophytes ou croissances osseuses à la périphérie de l’articulation

· Une condensation osseuse sous le cartilage concerné dans la zone de pincement de l’articulation

· L’éventuelle présence de géodes (trous) à l’intérieur de la condensation osseuse

Il n’existe pas de signe biologique particulier servant à confirmer le diagnostic d’arthrose. Parfois, le scanner, une scintigraphie, une échographie ou une arthroscopie pourraient être utiles si la radiographie s’avérait insuffisamment convaincante.

 

 

COMMENT EVALUER LA GRAVITE DE L’ARTHROSE ?

 

L’évaluation de la gravité fait référence à deux notions différentes et qui par ailleurs ne sont pas corrélées :

 

·   D’une part, l’aspect clinique au travers les symptômes et notamment la douleur et la raideur ressenties par le patient. Ainsi une arthrose peut être sévère lorsque les symptômes cliniques sont importants avec un impact important sur la qualité de vie du patient. La sévérité symptomatique de l'arthrose s'évalue essentiellement sur le niveau de gêne douloureuse et fonctionnelle grâce à des échelles standardisées (échelle visuelle analogique pour la douleur, questionnaire pour la gêne fonctionnelle).

·  D’autre part l’état du cartilage osseux résiduel (quantité et qualité). Ainsi une arthrose peut être considérée comme sévère lorsque les données anatomiques du cartilage mettent en évidence un capital cartilagineux très amoindri.

·  Ce qui est intéressant c’est que ces deux aspects de la maladie ne sont pas forcément corrélés. Ainsi, certains patients sont particulièrement gênés et douloureux alors que leurs radiographies sont quasiment normales. A l’inverse, des arthroses parfois évoluées d’un point de vue radiologique peuvent être diagnostiquées par hasard car elles ne sont pas du tout douloureuses.

· Néanmoins, sur le long terme, on retrouve une corrélation entre les deux éléments puisque les patients qui n’ont pas de signe radiologique ont un meilleur avenir à 10 ans d’évolution de la maladie que ceux qui ont par exemple un pincement articulaire important.

 

 

COMMENT PREVENIR LA SURVENUE DE L’ARTHROSE ?

 

Certaines mesures sont utiles pour éviter la survenue de l’arthrose ou encore limiter sa progression. Ainsi, il est recommandé de :

·  Ne pas hésiter à consulter dès les premiers signes et ne pas considérer l’arthrose comme une fatalité !

·    Contrôler voire perdre du poids corporel

·   Pratiquer une activité physique régulière et modérée à type de marche (6000 pas/jour) ou de natation en dehors des poussées inflammatoires en étant accompagnée éventuellement d’un kinésithérapeute ou d’un coach. Certains étirements peuvent être réalisés à la maison de façon régulière pour maintenir la souplesse de l’articulation.

·   Eviter les sports violents qui imposent des changements d’appui brutaux ou qui occasionnent des réceptions violentes (sports collectifs à type de football, de rugby ou de basket, du judo, du tennis, de l’haltérophilie, etc…)

·    Eviter de porter des charges trop lourdes

·     Equiper son environnement au domicile avec par exemple des rampes sur les murs ou dans la baignoire

·   Avoir recourt aux semelles orthopédiques notamment dans l’arthrose des membres inférieurs

·  Utiliser éventuellement une canne, des cannes ou une orthèse lors des périodes de poussées inflammatoires

 

 

COMMENT EVOLUE L’ARTHROSE ?

 

Il semble que dans les débuts de l’évolution de la maladie l’atteinte du cartilage puisse être     réversible totalement et ce, grâce aux capacités de cicatrisation des lésions précoces. Cette réversibilité concerne bien sur les sujets les plus jeunes.

Puis avec l’âge, les capacités de réparation par l’organisme sont dépassées et l’aggravation est inéluctable. La perte du cartilage se fait de façon constante et régulière.

Cette disparition du cartilage peut se faire selon trois modalités :

·      Une aggravation lente et progressive sur plusieurs décennies

·    Ou bien une accélération très rapide se traduisant par une perte du cartilage en 12 à 24 mois. On parle alors d’arthrose destructrice rapide

·  Ou encore, une forme d’évolution intermédiaire marquée par des phases de destructions rapide alternant avec des phases de destruction plus lente.

 

COMMENT TRAITER L’ARTHROSE ?

 

La grande majorité des traitements de l’arthrose sont des traitements symptomatiques : ils visent à soulager la douleur. En première ligne on retrouve les antalgiques et leur chef de file le paracétamol. On peut aussi avoir recours aux anti-inflammatoires non stéroïdiens par voie orale ou sous forme locale (gel, pommade) pour les articulations les moins profondes et donc les plus accessibles. Certaines crises très douloureuses peuvent nécessiter des infiltrations de corticoïdes, puissants anti-inflammatoires injectés directement dans l’articulation.

 

On peut aussi injecter de l’acide hyaluronique, dont la viscosité proche du liquide synovial physiologique, permet d’améliorer le fonctionnement de l’articulation. Le lavage articulaire s'applique à l'articulation du genou et permet de la débarrasser des débris cartilagineux à l’aide de sérum physiologique (sous anesthésie locale).  

Par ailleurs, la rééducation peut être utile pour préserver l’avenir de l’articulation : Elle permet de maintenir l’amplitude des mouvements, de prévenir ou de lutter contre les attitudes vicieuses mais aussi de renforcer la musculature.  

 

Les cures thermales utilisent elles des eaux (à leur point de source), des vapeurs et aussi des boues qui grâce à leur composition chimique et à leurs températures vont apporter des bénéfices (réduction des douleurs et apaisement). Les études scientifiques mettent en avant les bienfaits des séjours des patients en centre grâce au travail combiné d’une équipe multidisciplinaire (médecins, kinésithérapeute, ergothérapeute, diététicienne, etc..).

Une alimentation équilibrée et cohérente avec les besoins énergétiques afin de contrôler le poids

 

L’oligothérapie complète cette prise en charge en assurant des apports en Vitamine C et E aux qualités anti-oxydantes et en vitamine D afin de maintenir la santé osseuse. La vitamine C participe à la formation de collagène, protéine de soutien importante dans les articulations. La chondroïtine prévient la dégénérescence des cartilages. Et enfin le sélénium et le cuivre ont des qualités anti-oxydantes et favorisent des tissus conjonctifs en bonne santé.

 

L’harpagophytum et le curcuma complètent cette prise en charge en préservant les articulations et en luttant contre l’inflammation.

La physiothérapie regroupe l’électrothérapie, les ultrasons et les champs magnétiques. L’évaluation scientifique de toutes ces techniques conclut à une insuffisance de preuves à ce stade, les positionnant ainsi comme uniquement des techniques d’appoint.

 

La chirurgie occupe une place importante dans la prise en charge de l’arthrose. Elle peut être utilisée précocement en cas de malformation (ex : luxation congénitale de hanche, recentrage de la rotule) ou lorsque l’arthrose est très développée et invalidante. Les poses de prothèses articulaires permettent d’excellents résultats sur la mobilité et permettent aux patients de retrouver une excellente qualité de vie. Néanmoins, la durée de vie d’une prothèse est à peu près de quinze ans.